Thursday 9 June 2011

Quand les snobs français veulent faire chic en causant anglais, ça donne les faux angliscismes


Cabines téléphoniques
Les faux anglicismes
 
Cela a le goût de l'anglais. Cela a la saveur de l'anglais.
Cela a la couleur de l'anglais. Mais ce n'est pas de l'anglais !
Cette page traite des termes qui paraissent anglais et qui ne le sont pas pour diverses raisons. J'ai éliminé les mots qui sont francisés, par exemple par l'orthographe ou par une désinence verbale. Les termes ont été retenus selon plusieurs critères :
— le mot existe en anglais, mais il ne possède pas le même sens ;
— le mot existe en anglais, mais il possède une forme plus développée ;
— le mot change de catégorie grammaticale ;
— le mot associe un élément formant français à une racine d'apparence anglaise ; 
— le mot n'existe pas en anglais, c'est une création du français avec une terminaison à l'anglaise. 
En règle générale, le mot pseudo anglais se signale par le suffixe -ing du participe présent ou les suffixesman et woman.  Certains sont des créations humoristiques, familières ; d'autres sont entrés dans l'usage en France, je signale alors l'équivalent québécois s'il existe. Dans la plupart des cas, je me réfère à l'anglais britannique et non à l'anglais américain.
On remarquera que l'anglais n'a pas forcément des termes plus courts que le français, mais que l'anglais choisi par des locuteurs francophones est plus simpliste, voire réducteur. 

Ampli-tuner : 1967, du français amplificateur et de l'anglais tuner. 

Aquaplaning : 1968. De aquaplane, planche tirée sur l'eau (1920). Recommandation : aquaplanage,hydroglissage.

Baby-foot
: 1951. L'anglais possède table football et l'américain table soccer. L'abréviation de football  en foot est française.

Ball-trap : 1880, de ball ou balle, boule, et trap, appareil à ressort. L'anglais parle de trap shooting pour le tir aux pigeons. 

Baskets : nom masculin ou féminin, 1953. L'anglais utilise basket trainers ou basket shoes. Voir tennis.

Bowling : 1907, faux anglicisme au sens de salle de bowling.

Brushing : 1966. De to brush, brosser. L'anglais use de blow drying, fait de souffler en séchant. Le brushing est le brossage.

Caddie : 1952. Nom de marque déposé pour le chariot de supermarché. L'anglais utilise trolley, l'américain cart.

Camping-car : 1974. L'anglais emploie motor home, camper van, camper. La recommandation officielle (1992) est autocaravane.

Camping-gaz : 1960. Il s'agit d'une marque déposée.

Caravaning : 1931, de l'anglais caravan. Tourisme en caravane. Dérivé : camping-caravaning

Carter : 1891. Du nom de l'inventeur du mécanisme. L'anglais use de casing.

Chips : 1920. Le mot est l'abréviation de l'américain potato chips, littéralement copeaux ou fines tranches de pomme de terre. En Grande-Bretagne, le mot désigne des pommes de terre frites, soit des frites ou des french fries pour les États-uniens. Au Royaume-Uni, les chips sont nommées (potato) crisps à partir de crisp, croustillant. Le terme québécois est croustilles

Clapman : 1950. À partir de clap (1952), troncation de clapperboard, planche à claquoir, dérivé de to clap, claquer. L'anglais utilise clapper boy, le français possède claquoir, claquer, claqueur.  

Dancing : 1919. Forme réduite de dancing-house, salle de danse. L'américain utilise dancehall.

Doberwoman : 1999. Surnom donné à Geneviève Dormann à la suite de ses déclarations contre les malades du sida.

Dressing : 1972, à partir de dressing-room, 1960. Le français utilise garde-robe, vestiaire, lingerie.

Ferry, ferry-boat : apparaît d'abord comme ferry (1782), puis comme ferry-boat (1848). Il s'agit d'une fausse interprétation de to ferry (transporter) en équivalent de voie ferrée. L'anglais utilise car ferry pour les navires transportant à la fois des personnes et des véhicules. La recommandation officielle (1992) est transbordier, les Québécois parlent de traversier

Flipper : 1964. De to flip, donner une chiquenaude. L'anglais emploie pinball machine.

Fooding : 2002. Création snob à partir du nom food, nourriture, et d'une terminaison verbale. Monstre.

Footing : 1885. Le terme n'existe pas en anglais dans ce sens, il s'agit d'hiking. La dérivation à partir du verbe to foot (aller à pied) est néanmoins logique. 

Forcing : 1912. Terme employé d'abord en sport, puis au bridge, enfin dans un sens métaphorique plus général. Création à partir du verbe forcer.

Frapping : création humoristique à partir de frapper, sans doute par analogie avec forcing.

Jogging : 1974. Ellipse de survêtement de jogging. Le terme jogging pour une activité date de 1964, il provient du verbe to jog, trottiner, trotter. L'anglais utilise tracksuit, tenue de piste. Voir training.

Lifting : 1955. Forme réduite de face lifting, relèvement (de to lift, soulever) du visage. Les recommandations officielles sont lissage, remodelage (1975). 

Living : 1954. Forme réduite de living-room (1856). Le français a déjà salle de séjour, le québécois possède le calque lexical de vivoir.

Mailing : 1970. Le terme anglais signifie mise au courrier postal. Il n'est pas restreint à la publicité comme en français et il ne concerne pas l'envoi de courriels ou pourriels.

Mobbing : 2003. Rassemblement de foule en apparence spontané, en fait sur un mot d'ordre.
À partir de l'anglais mob, foule.
 
Panty : 1960. Forme réduite de panty girdle ou pantie girdle, à partir de pantie, petite culotte de femme,  et de girdle, gaine. L'anglais emploie un diminutif de pants, culotte. 

Parking : 1925. L'anglais utilise car park, l'américain parking lot ou parking space. Le terme parking se rapporte au fait de stationner, non à l'endroit où stationner. Le français possède parc de stationnement, au Québec stationnement.

Perchman : 1952. Le mot est formé sur le français perche et l'anglais man. L'anglais possède boom operator, boom désigne la perche pourvue d'un micro. Recommandation officielle de 1985 : perchiste.

Pick-up : 1970. Au sens de camionnette, le mot provient de pickup truck, camion de ramassage.

Pin's : 1989. Mot formé à partir de pin, épingle, et avec une apostrophe faussement anglaise afin de maintenir la prononciation de la consonne. La proposition a été épinglette

Pipi-room : forme hybride et humoristique à partir de living-room

Pressing : 1935. Mot formé sur le verbe to press, repasser à la vapeur. Le sens de magasin de teinturerie ou de nettoyage n'existe pas en anglais, on emploie cleaners' ou dry cleaners ou dry cleaning service

Pull : d'abord pull-over (1920), puis pull (1930). De to pull over, tirer par dessus. L'anglais utilise pullover, sweater

Recordman : 1883. Recordwoman : 1896. L'anglais possède record holder, détenteur d'un record.


Rentring : 2006. Mot forgé sur le verbe français rentrer pour une campagne publicitaire de France Télécom.


Rugbyman : 1909. L'anglais utilise rugby player. Le français a joueur de rugby. Le terme rugbywoman existe aussi. Voir tennisman

Scooter : 1919. Forme réduite de motor scooter, patinette à moteur, de to scoot ou détaler. Le scooter des neiges se dit Ski-Doo en anglais, la recommandation est motoneige

Self : 1949. L'anglais utilise self service restaurant ou self service, restaurant où l'on fait soi-même (self) le service.  

Shake-hand : 1787. L'anglais a handshake, de to shake, serrer, et hand, main.

Shampooing : 1877. L'anglais a emprunté un verbe hindi qui voulait dire masser, presser. Ce verbe shampoo, a d'abord désigné l'action de laver les cheveux, ce qui explique la terminaison du  participe présent. L'extension de sens au savon a eu lieu assez tôt : 1890. 

Side : 1912. Forme réduite de side-car, voiture de côté (side). 

Slip : 1913. De to slip, glisser, donc enfiler facilement. L'anglais a briefs pour le slip d'homme, panties pour le slip de femme, et underwears, underpants en général. 

Smoking : 1888. Forme réduite de smoking jacket, veste d'intérieur. L'anglais utilise pour le costume complet dinner jacket, l'américain tuxedo

Snack : 1958, d'abord snack-bar (1933). Le snack est un casse-croûte, un repas léger en anglais. L'ellipse française conserve un terme qui n'a pas le sens de restaurant.

Speakerine : 1953. De speaker, présentateur, annonceur et avec un suffixe -ine emprunté à l'allemand pour le féminin. Le masculin speakerin est encore plus une mostruosité. Le français speaker (1931) veut dire orateur ou président de séance en anglais, cette langue emploie announcer à la place. 
 
Sponsoring : 1972. De to sponsor, parrainer, patronner. La recommandation est parrainage.

Standing : 1953. Le terme n'existe pas en anglais au sens de bonne qualité d'une habitation. Il provient du sens de position sociale (1924). Le français possède qualité, haut de gamme, de luxe.

String : 1977. De string bikini, bikini à cordelette, et par influence de G-string (corde du sol ou G, grosse corde du violon). En français, cache-sexe.

Surbooking : 1965. Calque partiel de overbooking, location en excédent, avec un préfixe français. Les recommandations sont surréservation, surlocationSurbooké (1985) est dérivé de ce terme.

Talkie-walkie : 1945. L'anglais utilise walkie-talkie, marcher et parler.

Taximan : 1966. Forme humoristique pour taxi driver, chauffeur de taxi.

Tennis : 1950. L'anglais parle de tennis shoes.

Tennisman : 1903.  L'anglais emploie tennis player. Préférer joueur ou joueuse de tennis à tenniswoman.

Training : 1965. Au sens de vêtement de sport, l'anglais use de tracksuit, tenue de piste. Voir jogging. De training, entrainement.

Trench : 1920, forme réduite de trench coat ou manteau de tranchée.

Wattman : 1895. Mot formé de l'unité Watt, associée à l'électricité, et de man homme. L'anglais se sert de tram driver.  Le terme a un peu survécu en Belgique.

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